Ce projet a commencé par la conservation de mes lingettes démaquillantes dans le but de les utiliser comme matière première. Je m'intéresse à elles comme objets performatifs: les cosmétiques qui ont été appliqués dans le but d'améliorer l'apparence de l'usagère deviennent de repoussantes taches sur l'objet-déchet: la lingette. Je considère aussi ces lingettes comme des auto-portraits abstraits, des selfies, rappelant en quelque sorte le Suaire de Turin. Ces traces de mon corps sont complémentées par les confessions qui y sont brodées: des traces de mon esprit. Cette technique appelle au travail féminin, mais aussi à la rebellion et à l'empowerment (Parker, 2010). Cette série d'auto-portraits est installée telle que le doivent les selfies: en trois colonnes incomplètes de carrés, une référence à l'interface d'Instagram. Cette oeuvre, intitulée #NoFilter, se présente comme une alternative aux formes d'auto-représentation popularisées par les médias sociaux, en mettant de l'avant mes vraies imperfections plutôt qu'une perfection fabriquée, mon identitée secrète plutôt que mon personnage publique. Cela va à l'encontre des principes d'auto-promotion, d'auto-marketing et d'auto-objectification, en plus de viser la réappropriation de mon corps comme entier, une entité vivante plutôt qu'une commodité.
Dans la dernière image, mon oeuvre est juxtaposée à un paysage par Robin Gleason @robingleason .